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Alors que le Pas-de-Calais est touché par une montée des eaux pour la seconde fois en quelques mois, Xavier Bertrand monte au front, n’en déplaise à ceux qui lui reprochent son combat contre la loi sur le zéro artificialisation nette (ZAN), qu’il avait accusée de “mettre la France sous cloche”.
L’artificialisation des sols dans les Hauts-de-France explique en effet une partie de ces inondations.
Qu’à cela ne tienne. Joint par POLITICO, le président de la région continue à regretter un texte “pas assez équilibré” et qu’il “faudra évaluer dans quelques années”. Tout en nuançant : “La loi a plus de bon sens aujourd’hui grâce aux sénateurs”, qui ont porté une proposition de loi pour revoir plusieurs mesures au printemps.
L’opposition au ZAN de Xavier Bertrand est notamment pointée du doigt par Arnaud Gossement : “Le Pas-de-Calais est la région la plus touchée par l’artificialisation des sols, et les élus locaux font croire que ce n’est pas un problème”, expose l’avocat spécialiste en droit de l’environnement. “La lutte contre l’artificialisation n’a pas pour objectif d’empêcher les gens de construire, mais de les protéger et empêcher de construire n’importe où”, plaide-t-il encore.
Xavier Bertrand rejette ces critiques, soulignant que “les inondations sont au cœur de la ruralité, pas dans la zone la plus bétonnisée”. L’artificialisation dans le Pas-de-Calais est causée par l’industrialisation, explique l’ancien ministre. Mais “ce n’est pas dans les zones industrielles qu’il y a des inondations, il suffit de venir voir sur place”.
“On me reproche une opposition à une loi qui n’est pas encore rentrée en vigueur”, insiste encore le patron de la région, alors que les élus Ecologistes au conseil régional ne se sont pas privés de dénoncer “des propos et des dispositions irresponsables” à son endroit.
Contrairement à Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a annoncé que sa région “se retirait du dispositif” en juillet dernier, Xavier Bertrand “ne s’oppose pas à la mise en œuvre de la loi ZAN”.
Question de compétences
Le ZAN ne serait, en tout état de cause, “pas le sujet prioritaire”, selon Bertrand. “Le problème, c’est que les maires ont perdu la compétence de l’eau et que le contrôle et la police de l’eau les dissuadent d’agir”, affirme-t-il, dénombrant pas moins de quinze acteurs chargés de la gestion des cours d’eau et de l’eau sur le territoire.
“Soit l’Etat met ces acteurs en demeure de faire les travaux d’urgence, soit je suis prêt à me substituer”, pousse-t-il. Et de vouloir lancer le curage des rivières le plus tôt possible, même si ce n’est pas une compétence de la région.
“Il faut toujours élever la voix”, regrette Bertrand, qui refuse de se contenter du “rôle de spectateur”, mais veut être le “porte-parole des riverains concernés”. Grâce à sa gueulante, l’ancien agent d’assurances a obtenu de Bruno Le Maire que les habitants inondés deux fois n’aient pas à payer la franchise catastrophe naturelle et veut continuer à se battre.
“Mes préfets sont exemplaires”, assure-t-il, mais il faut “prendre des décisions” et c’est le rôle de l’Etat. “Il faut être en mesure d’engager les travaux très vite et de dire aux habitants si, oui ou non, ils seront concernés par de prochaines crues”, insiste-t-il encore.
Il espère que ces sujets se démêleront rapidement et prévoit une réunion mardi à Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais, à laquelle le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu devrait participer. L’objectif est de “décider de travaux en urgence” puis de “planifier les plus importants”. Selon Bertrand, il faudra élargir des cours d’eau et construire des retenues collinaires.
Ces sujets posent “le rapport entre l’homme et la nature”, philosophe l’ancien ministre. “Est-ce qu’on a besoin de la main de l’homme ? J’en suis convaincu.”
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